Afin d’analyser la portée de l’élection présidentielle de 2002 – qui a vu Jacques Chirac l’emporter contre Jean-Marie Le Pen au second tour – Jean-Marie Guénois, journaliste de La Croix, reçoit René Rémond, académicien, historien et président de la Fondation des Sciences Politiques.

La quinzaine des élections fut pour la France une période assez extraordinaire, marquée successivement par l’accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour, puis par le sursaut de la France et enfin le plus important, par la réconciliation des Français avec la politique. La société civile a redécouvert l’importance de la politique et pour les nouvelles générations, cette coïncidence sera déterminante.

René Rémond précise que le 5 mai marquera un changement profond par rapport à la culture héritée de 68, où l’idée était que la politique était inintéressante et où le vote n’ avait plus grande importance. Mais la découverte que la politique pouvait nous rattraper a fait réaliser brusquement aux Français son importance et le devoir de chacun de s’y intéresser.

Mais, ajoute l’invité, le résultat du deuxième tour où le peuple français a fait preuve de sa maturité, tient avant tout à une promesse et à une espérance. Aujourd’hui tout dépend de ce que les politiques sauront en faire. Le risque est que les citoyens se découragent, si l’on ne recueille pas les fruits de cette prise de conscience exceptionnelle.

Mais il reste toujours la tentation de ravaler le débat politique à la défense des intérêts particuliers, des corporatismes et de perdre de vue les grands enjeux. De plus, l’Europe a été la grande absente du débat politique pendant la campagne électorale, comme si notre pays était à l’écart du monde et enfin nous avons élu un président sans lui donner un mandat clair sur la position de la France dans l’évolution des institutions européennes.

Pour conclure, l’historien estime que l’Eglise – très présente pendant cette élection – était dans son rôle en intervenant, tout comme la fait la société civile en se mobilisant. C’est le contraire qui eut été étonnant, d’autant que le débat se plaçait plus au niveau d’enjeux éthiques et moraux, que simplement politique. C’est d’ailleurs cet enjeu moral qui a mobilisé une grande partie des Français.

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