Dans la France anticléricale du 19ème siècle, secouée par les révolutions et hantée par le fantôme de l’Ancien régime, la République connait des débuts difficiles. Chaque pouvoir en place réprime les libertés du peuple à disposer de lui-même en matière d’opinions et de liberté. Dans ce contexte, un homme de Dieu ose se dire « libéré par sa foi » et revendiquer la liberté du peuple et de l’Eglise. Cet homme est le Père Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861). Toute sa vie, il mène une révolte du cœur qui fait de lui le précepteur du catholicisme moderne. Or, à ce moment-là, ses convictions libérales sont peu partagées : le clergé de la Restauration, traumatisé par la Révolution Française, reste très attaché à la monarchie absolue et au pouvoir politique. L’Eglise demeure un service d’Etat régie par un Concordat.

Fils de son siècle, Jean-Baptiste-Henri Lacordaire est habité par l’idéal d’une société nouvelle, plus égalitaire et fraternelle face à une misère populaire et une absence de liberté réelle. Devenu le père Henri-Dominique Lacordaire, malgré le découragement de son institution, il se forge l ’ idée que la religion doit être indépendante du pouvoir en place. Par conséquent, lui, le prêtre dominicain, doit s ’ en affranchir pour être libre de ses positions et de ses actions. L’une des ses plus grandes vocations, est d’enseigner à la jeunesse en réhabilitant l’Ordre des Prêcheurs.

Amené aux croyances religieuses par ses convictions sociales, se forge en lui une résistance intérieure qui l’amène à penser que seule la foi choisie en toute liberté de conscience libère.
Aux prix de nombreuses attaques et calomnies venants d’adversaires aussi divers que les plus hautes autorités de l’Etat, la majorité du clergé, mais aussi les bourgeois conservateurs et la noblesse, sa résistance le conduit à être à rebours de son temps. Elle s’exprime dans ses combats politiques, spirituels et religieux. Il réclame la liberté de conscience, l’indépendance du clergé face au pouvoir civil, la liberté de la presse et d’association, la liberté religieuse et d’enseignement, le suffrage universel et le droit de vote.

Avant-gardiste, il ne voit pas les premiers fruits de ses revendications. Vingt ans après sa mort, la liberté de la presse et l’école gratuite sont acquises en 1881, la liberté d’association en 1901 et la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.

 

 

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