Grace : l’enfer du trottoir raconte l’histoire d’une jeune nigériane de 18 ans. A visage caché, elle témoigne de l’enfer qu’elle connaît depuis deux ans. A la mort de ses parents, un oncle l’avait envoyée en France pour y faire ses études. A peine débarquée, elle s’est retrouvée prisonnière d’une proxénète, forcée à se prostituer dans le bois de Vincennes et à rembourser le prix astronomique de son immigration : 50 000 euros. L’adolescence de Grace : « le tapin 12 heures par jour, la passe à 30 euros, 15 clients par jour, 7 jours sur 7, au bénéfice de sa proxénète ». Elle a souvent été arrêtée pour racolage mais, considérée comme majeure, elle n’a jamais été confiée à la brigade des mineurs et à chaque fois elle a été remise à la rue.
Elle s’est échappée de son réseau. Une association la cache dans une famille d’accueil, loin de Paris. Elle doit maintenant l’amener à révéler sa vraie histoire et l’inciter à porter plainte. C’est la condition pour qu’elle sorte de la clandestinité et obtienne peut-être un permis de séjour. La jeune fille a peur de parler car sous l’emprise de la terreur et de la superstition aux esprits du « juju » qui l’ont asservie à sa « madame ». Il faudra plusieurs mois pour mettre Grace en confiance et connaître la vérité.
Au Nigeria, soeur Florence, militante contre le trafic d’adolescentes, mène son enquête et parvient à rencontrer la famille de Grace pour comprendre dans quelles conditions elle a été envoyée en France. D’autres filles n’auront pas la chance de Grace. Il reste difficile de traduire en justice les coupables. Ainsi, la « Madame » de Grace repart sans être inculpée, faute de preuves. Au Nigéria les parents, qui ont souvent vendu eux-mêmes leurs filles, craignent les représailles de leurs persécuteurs et ne les dénoncent pas. L’espoir de mettre fin à ce scandale humain réside dans la prévention telle que la pratique soeur Florence dans les écoles auprès des jeunes filles. Son slogan : « Non à la traite ! »
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Grand reporter et journaliste, Hubert Dubois est aussi auteur-réalisateur. Avec « L’enfant marchandise », il signe un film en deux volets sur un problème de société international : les réseaux d’immigration de jeunes du Tiers-Monde qui les conduisent soit au travail forcé soit à la prostitution.

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