Danièle et René Sirven reviennent d’accompagner Rickey-Lynn Lewis à son exécution capitale, le 9 avril 2013. Ils décrivent cette violence indescriptible faite au corps et savamment orchestrée dès l’entrée du détenu dans l’univers carcéral du couloir de la mort. Même un engagement abolitionniste auprès de Rickey, pendant plus de dix ans, ne les a pas préparés à voir mourir celui qu’ils aiment. Un mois après, le couple de septuagénaires de Montpellier veut relire, avec ce film, l’histoire de leur relation avec ce noir américain de 50 ans, issu de toutes les pauvretés.

Construite sur un échange épistolaire régulier puis sur une visite annuelle à la prison de Huston, cette fidèle présence des uns aux autres, corps et âmes, a tissé entre eux des liens filiaux. Compter pour quelqu’un, se sentir aimé, alors que tout l’environnement incitait Rickey à croire qu’il n’était qu’un sous-homme, lui a permis de se redresser physiquement sur l’axe de sa colonne vertébrale et de prendre conscience que son corps est plus qu’un corps, il est sa chair. Et si ses bourreaux peuvent tuer ce corps, ils n’auront aucune prise sur son âme, lieu intime de son être. Au soir de sa vie, alors même que l’injection létale pénètre dans ses veines, Rickey-Lynn peut crier un "Je Suis" de délivrance.


Dans le livre La souffrance et la grâce publié chez Albin Michel, Danièle et René Sirven font le récit de leur accompagnement dans les couloirs de la mort.

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