Dans les années 60, le Centre National de la Liturgie s’inquiétait de la manière dont les téléspectateurs pouvaient regarder la messe à la télévision qui venait de naître. En s’abstenant de se joindre à la communauté paroissiale, la probabilité de n’être que des « voyeurs » risquait de fragiliser l’Église. Qu’en est-il aujourd’hui de ceux qui la regardent, à l’heure où Le Jour du Seigneur, plus ancienne émission du paysage audiovisuel français, fête ses 70 ans ?
Marie Viloin part jusque dans les territoires français les plus reculés à la rencontre des téléspectateurs qui regardent ce programme dominical. Elle brosse le portrait de quatre d’entre eux : Yvon, Maryvonne, Jacqueline et François. Devant la caméra de la réalisatrice, ils visionnent ce programme qui les a touchés, marquant le début d’une relation toute particulière à l’émission. Leur récit dévoile ce moment où Le Jour du Seigneur a impacté leur vie, nourrissant leur quotidien d’une relation avec Dieu. Ils témoignent de leur appartenance à la communauté chrétienne, dans une vision universelle de l’Église.
Un film émouvant et vrai, qui se fait aussi l’exégèse de la célébration eucharistique à travers le regard de ses témoins.
Père Yvon Fillebeen, Paris, 19ème : il a acheté une télévision avec son premier salaire de documentaliste à l’Education nationale. Il cherchait un sens à sa vie sans penser à la religion catholique, “un truc de vieux”, quand il est tombé par hasard sur une messe télévisée. C’était à Lourdes avec Mgr Emmanuel Lafont. Son homélie l’a particulièrement marquée. Jusqu’alors, il avait l’image d’un Dieu tout puissant et autoritaire qui ne pouvait donc pas l’aider dans sa vie. “C’est pour vous que le Christ est venu.” Et il a compris que Dieu faisait le chemin vers lui pour le rejoindre.
Pour Maryvonne Le Goanvic Le Jour du Seigneur a été le lieu providentiel de son retour à Dieu et de sa progression spirituelle. Rencontre à Lourdes où elle habite. Elle a découvert la messe télévisée à la célébration du Saint Sacrement en 1994 avec le cardinal Roger Etchegaray. Elle est alors entrée dans le mystère de l’Adoration eucharistique. Elle est heureuse aujourd’hui d’être consacrée par des voeux privés. “Le Christ ne rejette personne, Il construit la personne”, dit-elle.
Dans la Loire, rencontre fraternelle avec Jacqueline Recorbet à St Symphorien de Lay. Ancienne agricultrice, invalide aujourd’hui, elle dit que comme Bernadette Soubirous, elle a l’emploi de la prière. Ne pouvant plus se rendre à la messe le dimanche, elle a trouvé dans la messe télévisée la présence encore plus grande du Christ. “Ma vie, c’est les autres.”

François Boullet a écrit une longue lettre à Marie Viloin qui vient le rencontrer à Beauvais. Communiste, il a compris avec Le Jour du Seigneur le rôle de Jésus dans sa vie. Il a été profondément marqué par une messe avec le Père Philippe Jaillot. C’était comme si le Seigneur venait le rejoindre en profondeur et lui demandait de faire la vérité en lui, dit-il. Après la messe à sa paroisse, il regarde la messe télévisée.
Nous retrouvons le Père Yvon Fillebeen dans le rôle de prédicateur pour Le Jour du Seigneur dans la messe à Neuvy-Saint-Sépulchre.

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