Au VIIIe siècle, l'islam est devenu le principal adversaire de l'Empire de Constantinople. Les califes ont fait de Damas leur capitale et élèveront la Mosquée des Omeyyades à l'emplacement de l'antique cathédrale Saint Jean-Baptiste. C'est là que se lèvera Jean de Damas. Cet homme arabe, chrétien et fonctionnaire du calife sera le principal défenseur des images, alors que la crise iconoclaste fait rage à Constantinople. La question de la représentation de Dieu se posait déjà pour le judaïsme, elle se pose de nouveau face à l'islam, elle se posera encore pour le christianisme occidental.


Alors que pendant trois siècles les chrétiens ont prié la Parole de Dieu sans le représenter, on voit apparaître au début du 3e siècle les premières représentations comme celles de la synagogue de Doura-Europos où figurent tous les grands personnages de l'Ancien testament. A la même époque, les catacombes de Rome se parent aussi de nombreuses iconographies.

Au IVe siècle, l'art chrétien sort des catacombes pour orner les basiliques : le christianisme devient une religion de l'image avec les premières représentations du Christ. La question religieuse de l'image resurgit au cours du conflit entre l'Empire byzantin et le monde arabe. En 661, les Arabes ont conquis Damas : leur armée sans image a été victorieuse. C'est le début de la querelle iconoclaste. En réaction à cette défaite, les empereurs byzantins qui se succèdent reviennent à la parole donnée à Moïse : "Tu ne feras aucune image". Contre les iconoclastes, saint Jean de Damas pose les fondements de la légitimité artistique et spirituelle du culte des images. Il reste aujourd'hui le grand théologien des Eglises chrétiennes de langue et de culture arabe.

En 787, le deuxième concile de Nicée met un terme au conflit politico-religeiux provoqué par l'iconoclasme. Le concile a affirmé qu'on pouvait vénérer des images et des reliques car l'honneur, à travers elles, est rendu à la personne qu'elle représente.
Sous Léon V s'achève en 843 le 2ème iconoclasme lors du synode d'évêques qui restaure le culte des images. Le moine Théodore Studite précise définitivement la théologie des icônes. Cette querelle des images va creuser le fossé qui sépare peu à peu les Eglises d'Oreint des Eglises d'Occident.
Dans l'oratoire carolingien de Germigny-des-Prés, on peut voir la réaction de Charlemagne au Concile de Nicée dans la mosaïque de l'abside orientale réalisée par Théodulphe, qui était contre la représentation humaine.

La prolifération des images entre le 13è et le 15è siècle va se heurter au mouvement de la Réforme protestante. Aujourd'hui, les artistes ne sont plus des "faiseurs d'images". Dans l'Eglise Notre-Dame-de-l'Arche-d'Alliance, les vitraux n'enseignent pas, ils transcendent.


Elie Pascal Epinoux, historien dominicain et Chantal Leroy, historienne de l'art, retracent cette période précise de l'histoire de l'Eglise. Ils évoluent dans les lieux où Jean de Damas vécu, mais aussi là où subsistent les vestiges de cette période. Nous découvrons ainsi : les catacombes de Sainte Priscille à Rome, les mosaïques de San Vitale à Ravenne en Italie, la Grande Mosquée de Omeyyades à Damas en Syrie, de Sainte-Barbara à Göreme et Sainte Irène à Istanbul en Turquie ou l'Oratoire de Théodulfe à Germigny-des-Prés ainsi que le désert de Ma'aloula en Syrie. De nombreuses iconographies illustrent aussi les événements historiques de cette période mouvementée.

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